ALIMENTATION ANIMALE Pousséedes segmentsalternatifs
Biosécurité, bien-être, non OGM, bio... Les sujets ne manquent pas pour une industrie française aux volumes qui stagnent, soumise à une pression sur les prix difficile à répercuter jusqu'à l'aval des filières. Une année de ruptures pour le monde de la nutrition animale.
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L'année 2018 fut marquante en volaille, notamment avec la reprise de Doux par le consortium conduit par LDC, ou encore la cession de Neovia par InVivo à l'américain ADM. Ce sera aussi l'année de l'implémentation concrète sur le terrain du système Inra de formulation des aliments pour ruminants, Systali, qui modifie profondément les pratiques. L'année climatique, avec un printemps pluvieux suivi d'une très forte sécheresse, bouleverse quant à elle les trésoreries. Viennent aussi en haut de la liste des préoccupations des fabricants d'aliments, les questions de biosécurité avec le risque de la peste porcine africaine (PPA) installée en Belgique. La crainte porte en particulier sur les exportations vers la Chine, celle-ci ne reconnaissant toujours pas la notion de régionalisation. Tout cela sur fond de bien-être animal, d'extrémisme végan et de nouvelle loi sur l'alimentation, qui amorce une montée en gamme incluse dans les plans de filières édités à l'issue des États généraux de l'alimentation. Elle se traduit par la montée du bio et du non-OGM.
L'offre en bio insuffisante
Sur le seul premier semestre 2018, la production d'aliments pour animaux bio a ainsi progressé de 19,4 %, dépassant les 220 000 t. L'année passera donc probablement les 410 000 t. Ces opportunités ne doivent pas faire négliger de nouvelles menaces : quid en effet de l'avis du 25 juillet de la Cours de justice européenne qui, interrogée par le Conseil d'État après la requête de la Confédération paysanne, a classé les organismes issus de mutagénèse dirigée (Crispr-Cas9) dans les OGM ? L'avis du Conseil d'État est attendu dans les prochains mois... La question est de taille : si toutes les semences issues de ces nouvelles techniques sont classées OGM, les approvisionnements vont sérieusement se compliquer pour les cahiers des charges bio et nourris sans OGM. Cela sans parler d'une éventuelle renationalisation qui laisse planer de vraies inquiétudes. Le marché est déjà complexe, la montée du bio 100 % français, sur le modèle des nouvelles gammes Carrefour « ActForFood », resserrant l'étau face à des disponibilités nationales certes croissantes, mais insuffisantes.
L'année 2018 marque aussi de fortes hausses de prix : les vitamines au printemps, puis l'énergie et les protéines. Sur la période janvier-août, le coût des aliments a ainsi progressé de 16 à 35 % selon les espèces animales et, même si la hausse se ralentit en septembre, les perspectives de prix de fin d'année restent élevées.
Côté volumes, pour la période de juillet 2017 à juin 2018, les usines françaises d'aliments ont produit 20,693 Mt, en stabilité quasi parfaite par rapport à la campagne précédente (- 0,02 %). Concernant la période janvier-août 2018, la tendance légèrement meilleure (+ 0,31 %) confirme la stabilité. Les prévisions donnent un total 2018 à 20,699 Mt, soit quasiment à égalité.
En France, le mash enregistre un recul de 2,8 % sur les huit premiers mois de 2018, ce qui signale probablement un marché devenu mature soumis aux aléas climatiques.
Hors mash, les aliments bovins se contractent un peu pour la campagne 2017-2018 (- 1,65 %, à 3,97 Mt), mais se tiennent sur la période janvier-août (- 0,26 %). Le second semestre 2018 est très incertain en raison des faibles récoltes de fourrage. Tout dépendra du prix du lait, et donc des trésoreries. L'arrêt de gros élevages performants se voit déjà et le recours aux achats de matières premières en l'état s'accentue. Le porc s'est tenu en 2017-2018 (+ 0,46 %, à 4,96 Mt), mais baisse depuis janvier (- 1,63 % de janvier à août). Le risque de la PPA pèse sur le moral des producteurs cet automne, après l'absence d'embellie estivale. Quant à la volaille (8,7 Mt, + 0,88 % en 2017-2018, et + 2,9 % de janvier à août), elle domine toujours largement les volumes hexagonaux. La restructuration du marché, dont la reprise de Doux par le consortium conduit par LDC, ne donnera sa pleine mesure que l'an prochain.
DOSSIER RÉALISÉ PAR YANNE BOLOH
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